Pour beaucoup de lecteurs, c’est le propre de la littérature de nous ouvrir au monde, de nous embarquer pour des voyages immobiles à travers des cultures qui nous sont étrangères. C’est ce que réussit avec brio Jennifer Nansubuga Makumbi dans son deuxième roman La première femme (éd. Métailié) : une odyssée intime, un itinéraire de jeunesse.

Ouganda, 1975. Kirabo, toute jeune adolescente, est élevée depuis sa naissance par ses grands-parents dans un village reculé. N’ayant jamais connu sa mère, elle ne peut réfréner son désir d’un jour la retrouver. Déterminée, elle se décide un jour à aller interroger Nsuuta, que l’on dit sorcière… Les évènements qui en découleront bouleverseront la vie de Kirabo.

Du village de son enfance jusqu’à la capitale Kampala, en passant par le pensionnat pour filles de Zigoti, le lecteur accompagne Kirabo en quête de ses origines, et découvre avec elle une société ougandaise multiple, tiraillée entre cultures ancestrales peuplées de mythes fondateurs et de légendes, et mode de vie « à l’européenne ». A cela s’ajoute en cette fin des années 70 la politique désastreuse et tyrannique du dictateur Idi Amin Dada, qui conduira le pays à la guerre.

Kirabo devra lutter pour s’épanouir et se construire en tant que femme, résister aux diktats d’un monde patriarcal avilissant, et néanmoins s’ouvrir à l’amour et au désir.

La première femme est un roman foisonnant et débordant de vie, drôle et tragique, dont l’héroïne est inoubliable.

On saluera la très belle traduction de Céline Schwaller.

Au cœur des paysages sauvages d’Écosse, entre nature writing et thriller psychologique, Charlotte McConaghy nous offre un magnifique roman dans lequel se côtoient la beauté d'une nature sauvage implacable, l'âpreté des rapports humains et la force des liens de confiance.
Après "Migrations" (éd. Le livre de poche), Charlotte McConaghy nous montre une nouvelle fois toute l'étendue de son talent.

Chronique sociale à l'humour mélancolique, thriller scientifique haletant, comédie romantique, "Fantastique histoire d'amour" est un roman qui emprunte à chacun de ces genres avec un subtil équilibre. Un livre déroutant mais singulier et addictif.

Eva Martin fait une entrée remarquée dans le genre de la fantasy avec ce premier roman, beau bébé de 500 pages !
Une rencontre entre deux mondes, deux civilisations que tout oppose, la colonisation, la résistance, et des personnages auxquels on s'attache forcément. Beaucoup de rythme, de l'humour (plutôt noir!) et une certaine sagesse (certes un peu gouailleuse!) qui font de "Miska" un vrai plaisir de lecture !

Lyonel Trouillot, à travers la voix d'une femme surnommée "la veilleuse du calvaire" redonne vie aux oubliées qui en Haïti, durant des décennies ont subi la violence des hommes. Ces femmes qui ont vécu la souffrance et qui malgré tout vivaient d'amour, d’espoir, de musique et de danse.
La langue sublime et envoutante de Lyonel Trouillot nous fait voyager à travers les destins de chacune de ces femmes. Sans souci d’une quelconque chronologie, le poète nous soulève le cœur en passant allègrement du cri de l’indignée au murmure de la vengeresse, du rire de l’amoureuse aux pleurs de l’endeuillée.
C’est un magnifique conte, rageur et féministe, d’une rare exigence littéraire.