Le Mal

Le lecteur suit la trajectoire d’Alexandre depuis son entrée dans
l’adolescence. En proie à un mal qui le dépasse, Alexandre se transforme
soudainement en bourreau, et devient l’objet d’une expérimentation médicale
qui le sauvera… un temps. Un cheminement insaisissable, une vie qui gagne et
qui perd, un mal « intérieur, clinique, chimique » qui se confronte ensuite à
un autre mal, celui-là provoqué par l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite
et une époque déshumanisée. Alexandre à la fois sécrète le Mal et est victime
d’un Mal politique, sociétal, civilisationnel. Ces deux Maux sont-ils d’égale
« valeur » ? Font-ils d’Alexandre un seul et même criminel ? Le placent-ils
sur un même stade de responsabilité ? Au travers d’Alexandre, en serpentant
dans les méandres de sa conscience, en l’escortant à chaque étape clé de sa
vie d’adolescent, d’adulte, de brillant professionnel, d’époux et de père, le
lecteur est sans cesse plongé dans ces questions. Dans un rythme effréné, deux
histoires se composent en parallèle, celle d’Alexandre racontée par un
narrateur omniscient, et celle du Mal, ou plutôt figure allégorique qui
s’exprime à la première personne du singulier et interpelle le lecteur. « Mal
» est un essai-fiction, un essai dystopique qui transforme le lecteur : il
n’est plus spectateur, il devient acteur des questionnements – idéologiques,
politiques, sociologiques, philosophiques, économiques, technologiques – que
le texte ouvre dans sa conscience. Les évocations du mal dont Alexandre est le
propagateur, le lecteur n’a pas d’autre choix que les affronter, les arbitrer,
et face à elles prendre position. Peut-être n’en sort-il pas indemne.