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Et le village s’endort...

Tamarit, Nuria

Aventuriers Etr

  • Conseillé par
    25 août 2018

    Et le village s'endort...ou quand le conte et le jeu se confondent

    Il vous est peut être arrivé à l’occasion, en famille ou entre amis de jouer au célèbre jeu de société : les loup-garous de Thiercelieux. Ce jeu de cartes met en scène un village, quelque peu envahi par les loup-garous et qui voit chaque nuit, lorsque tout le monde est endormi, un de ses villageois tué par les bêtes. Heureusement, certains habitants ont des capacités bien utiles pour lutter contre le fléau : la petite fille, le maire, la sorcière…
    La bande dessinée dont je vais vous parler aujourd’hui n’a pour synopsis ni plus ni moins que celui du jeu.

    Tout d’abord elle vient d’où cette bande dessinée ?

    "Et le village s’endort" est la traduction française d’une bande-dessinée espagnole parue en 2016. Réalisée par Núria Tamarit et Xulia Vicente, elle avait, à l’époque, rencontré un certain succès mais n’avait jamais été traduite en France. Heureusement, Marc-Antoine Fleuret, éditeur de la maison d’édition Les Aventuriers de l’étrange a décidé de se lancer dans la traduction de cet ouvrage pour le plaisir des lecteurs français. Pour ceux d’entre vous qui ne la connaîtraient pas encore, Les Aventuriers de l’étrange est une petite maison d’édition basée à Saintes (17) qui s’est lancée dans le projet d’éditer de la bande-dessinée encore jamais traduite en France. Son premier titre "Omar, le navigateur", écrit par Pedro Rodriguez est également disponible en librairie.

    "Et le village s’endort" raconte la vie d’un petit village dont le nom n’est jamais prononcé pas plus que l’année ou même le siècle dans lequel se déroule notre histoire. On peut supposer que l’intrigue se joue entre le XX et XXI ème siècle même si certaines pratiques (comme le fait de vouloir brûler des sorcières) lui donnent un côté bien plus ancien. Dans ce village, tout le monde semble avoir un rôle bien défini : la sorcière qui fait ses potions, la chasseresse qui chasse, le prêtre qui sermonne, les loups garous qui grognent, le maire qui magouille, la petite orpheline qui espionne et le personnage qui va nous intéresser en ce début d’histoire : le « simplet du village » Barnabé. Au début de notre histoire, on suit Barnabé qui récolte des escargots pour aider la sorcière. Il est rapidement rejoint par la petite orpheline et tout deux s’amusent à se cacher. Malheureusement, dès le lendemain, le corps de Barnabé est retrouvé étendu et mutilé dans la forêt. La discorde naît dans le village et tout le monde suspecte tout le monde. Mais, une personne à tout vu et connaît la vérité : la petite fille.

    "Et le village s’endort" est une BD bien plus complexe qu’il n’y paraît, aussi bien dans le fond que dans la forme. La narration est découpée en deux grandes phases : le jour et la nuit. Le jour les traits sont bleus et on suit le présent, le quotidien des gens du village. La nuit, les traits sont noirs et l’on découvre la vérité sur ce que dissimule les rayons du soleil. Cette double narration est appuyée par le choix des dessinatrices de se répartir le travail. En effet l’une dessine le jour et l’autre la nuit. Le fait de changer de couleur mais aussi de style graphique est très intéressant et renforce cette impression de rupture entre le Soleil et la Lune. Pour ce qui est de l’écriture, le style est simple mais efficace, on ne se perd jamais malgré la complexité de l’intrigue que l’on ne perçoit pas tout de suite. De nombreux retournements de situation et une fin surprenante clôture cette invraisemblable histoire.

    A lire !